VMM n°455 juillet-août 2019 Pages spéciales retraités (VMM R)
Une jeunesse sous le signe de la guerre
Wadiou est né le 10 octobre 1927 dans un village de 200 habitants, en Pologne. Ses parents exploitent une petite ferme. Il a un frère de deux ans son aîné. En 1936, la violence de la crise économique oblige ses parents à quitter le pays pour trouver du travail en France. Les enfants restent en Pologne et sont confiés à un oncle. A 15 ans Wadiou est réquisitionné et acheminé en train, sans bagage, en Allemagne, Il travaille pour l’organisation TOD à Wissen. Transféré à la frontière luxembourgeoise, il doit, en compagnie de nombreux Polonais et Russes, creuser des tranchées, boucher les trous provoqués par les bombes, évacuer les cadavres. Avec une quinzaine de camarades il s’évade et rejoint l’armée polonaise en Italie. Enrôlé à 18 ans comme agent de liaison dans le 2ème Corps polonais, il participe à la bataille du Monte Cassino. Démobilisé en décembre 1947, il retrouve ses parents après 11 ans de séparation.
Un parcours professionnel de sidérurgiste
Wadiou est embauché dans les travaux publics pour la construction de logements à Fessenheim. Le travail est pénible et les vexations et réflexions racistes quotidiennes. En décembre 1948 il veut aller s’installer en Pologne. Une cousine à Denain le persuade de ne pas aller en Pologne qui est soumise aux mains des communistes mais de rester dans le Nord où il y a du travail. Il est alors embauché à l’ébarbage puis comme fondeur à Usinor Denain en 1949. En 1954, Il embauche aux ateliers Cail à Denain, comme fondeur au four électrique 15 tonnes. Les conditions de travail pénibles sont identiques à celles d’Usinor et le temps de travail hebdomadaire est de 60 heures : 6 jours de 8h et 12h le dimanche. A cela s’ajoutent les mauvais traitements de la part de son contremaître. En 1962, Il démissionne et souhaiterait retrouver un poste à Usinor mais une clause de non concurrence entre les 2 usines sidérurgiques l’en empêche. Il accepte alors un emploi chez un marbrier. En 1970 il revient à Usinor comme pontier puis magasinier au service lubrification, à la suite d’une seconde hernie discale. En 1978, à 51 ans, il sera mis en dispense d’activité, bénéficiant des mesures de la Convention Générale de Protection Sociale obtenue grâce au combat des sidérurgistes du Nord et de l’Est.
Une fidélité sans défaillance à la CFDT
Dès l’embauche à Usinor Denain, malgré les sollicitations pressantes d’un miltant CGT, il se syndique à la CFTC. En 1964, à la suite du congrès de l’évolution, il poursuit son adhésion à la CFDT. Il garde toujours la mémoire de militants qui ont marqué son parcours : Victor, Pierre, Albert, Joseph, Jean-Marie etc… Wadiou participera aux mouvements de grève et aux manifestations locales ou en région parisienne ainsi qu’aux occupations d’usine notamment en 1968 et aussi au moment du combat pour le maintien des emplois dans la sidérurgie. Il assumera, dans son service, la responsabilité de collecteur. Cette responsabilité, il la conservera jusqu’à ses 90 ans en collectant les cotisations des adhérents retraités de son quartier. Depuis 70 ans, dont 30 ans à l’union locale des retraités du valenciennois, il est resté fidèle à la CFDT, à ses actions et orientations.
Une famille joyeuse, engagée et aux couleurs de l’Europe
Wadiou et Jeanne, son épouse ont la chance d’avoir une grande famille, 3 enfants, 7 petits enfants et 5 arrière petits enfants. Ils répondent aux noms de Szarek, Persichetti, Gaida….. et manifestent ainsi toute la richesse culturelle et humaine des vieilles régions industrielles. Pour tous, Wadiou est un homme d’une grande noblesse de cœur. Homme de caractère, il reste fidèle, sans concessions, à ses convictions, quelles que soient les circonstances mais il est aussi «taiseux» discret et ouvert.
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